Pour le premier empereur d'Hayti, Sa Majesté Jean-Jacques Dessalines, la sécurité de l'Empire qu'il vient de fonder, est une priorité qui ne doit pas être discutée sous aucun prétexte politique maladroit, ni sous aucun prétexte économique ou militaire. C'est ainsi qu'il ordonnera aux généraux et commandants de divisions de l'armée impériale de construire des forts sur tout le territoire national. Voilà pourquoi aujourd'hui, le patrimoine historique haïtien est largement constitué de ces nombreux monuments militaires.
Mais mieux encore, convaincu que la sécurité de chaque citoyen haytien est essentielle pour pouvoir garantir la sécurité de l'Empire, l'empereur Jean-Jacques Dessalines fera publier une Constitution dite Constitution impériale de 1805, dans laquelle il sera mentionnė que le domicile privé de l'Haytien est inviolable. Donc, ceux-là même qui avaient été pris pour des sauvages pendant quatre siècles par les européens, créeront un empire moderne où le plus petit des droits sera consacré. Quelle leçon de morale à l'occident blanc chrétien raciste esclavagiste!
En effet, aux dispositions générales de la Constitution impériale de 1805, à l'article six (art. 6), il est écrit ce qui suit: "la maison de tout citoyen est un asile inviolable". Cela dit, durant tout le règne de Jean-Jacques Dessalines, personne n'entendra parler des cas formels de violation de domicile privé en Hayti. Les habitants de l'empire d'Hayti seront non seulement reconnus comme étant la seule communauté noire libre, souveraine et indépendante du monde moderne, mais également ce sera la communauté noire la mieux sécurisée et la plus prospère de l'époque et ce, jusqu'à la mort du Roi Henry Christophe, le 08 octobre 1820.
Contrairement à ce qui se passe dans la République aujourd'hui, sous le règne de Sa Majesté Jean-Jacques Dessalines, on ne peut entrer dans la maison d'un Haytien qu'en cas d'incendie, d'innondation, de réclamation partant de l'intérieur ou en vertu d'un ordre émané de l'Empereur ou de toute autre autorité légalement constituée, (art. 7, dispositions générales, constitution impériale).
À cela s'ajoute l'histoire selon laquelle, il suffit aux étrangers qui sont dans l'esclavage ou persécutés dans n'importe quel pays, de fouler le territoire haytien pour qu'ils soient à jamais libres. Ce n'est pas inscrit dans la constitution impériale, mais c'est cette vocation que se donne la terre dite Maman de liberté. En revanche, si vous avez l'habitude d'entendre la phrase suivante "au premier coup de canon d'allarme, les villes disparaissent, et la nation est debout", sachez que c'est l'article 28, dispositions générales, de la Constitution impériale d'Hayti, publiée le 20 mai 1805. Quel orgueil!
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Notes de Charles Philippe BERNOVILLE
Président et directeur des recherches.
