Voici 5 raisons parmi tant d'autres qui nous font penser que le gouvernement mené par le Premier ministre haïtien, monsieur Ariel Henry, échouera à la fin de l'année!
1- la chasse des jovenélistes au profit des phtkistes au regard des groupes armés.
La chasse d'anciens collaborateurs du président assassiné, le 7 juillet 2021, monsieur Jovenel Moïse, est l'une des causes qui expliquera l'échec du nouveau gouvernement d'Ariel Henry. Ce n'est pas que les jovenelistes vont réagir avec élégance pour constituer une opposition politique réclamant justice pour l'ancien président Jovenel Moïse ou faire échec au gouvernement.
Mais, il est possible que cette chasse des jovenélistes du pouvoir amplifie le phénomène de l'insécurité dans le pays notamment à Port-au-Prince avec une augmentation étonnante des cas d'enlèvements dans le département de l'ouest.
Il se pourra même que des membres du nouveau gouvernement soient pris en otage ou simplement enlevés pour être libérés par la suite contre de fortes sommes d'argent ou contre des postes ministériels ou d'autres postes stratégiques.
Parce qu'il est prévu que des groupes armés puissent aller jusqu'à réclamer des portefeuilles ministériels stratégiques pour qu'ils "laissent marcher le pays", pour répéter l'expression chère aux artistes phtkistes haïtiens. Il s'agira d'un conflit politique impliquant divers groupes inscrit dans une logique de rapport de forces sans limite aucune.
2- l'absence du Sénat de la République dans le processus ayant accouché l'actuel gouvernement.
L'absence non expliquée du Sénat de la République présidée par le sénateur Joseph Lambert est la deuxième cause qui expliquera l'échec du gouvernement d'Ariel Henry. Selon les rumeurs, des promesses de partage de responsabilités (distributions de postes de directions générales et de missions diplomatiques) sont faites à quelques collègues sénateurs du président Lambert afin qu'ils coopèrent avec Ariel Henry discrètement ou dans le silence.
Cependant, même si cela est vrai, on ignore la réaction de l'animal politique du Sud'est qui est pour l'instant le plus haut décideur politique élu du pays. Vue le contexte actuel des choses, c'est quasiment impossible pour un gouvernement de facto de réussir à restaurer la sécurité publique, à doter le pays d'une nouvelle constitution et conduire le peuple aux élections générales sans une entente politique avec Joseph Lambert.
3- la séparation maladroite du pouvoir entre des leaders politiques qui n'inspirent pas confiance à la population.
La formation maladroite de ce gouvernement qui ne tient pas compte d'un nombre important de paramètres expliquera également l'échec du Premier ministre Ariel Henry. Former un gouvernement avec des organisations politiques dont les leaders n'inspirent aucunement confiance à la population relève de la fantaisie politique purement et simplement.
De la Fusion des socio-démocrates haïtiens au Secteur démocratique populaire en passant par pitit Dessalines et PHTK, les partis politiques engagés dans ce gouvernement ne pourront toucher à aucun des problèmes majeurs auxquels fait face la population haïtienne actuellement tant qu'ils n'inspirent pas confiance. Nous avons affaire à des amateurs qui ont pris le pouvoir sans un plan stratégique intelligent de sortie de crise.
4- la prise du Bureau de Monétisation des Programmes d'Aide au Développement, BMPAD, et la crise persistante du carburant.
Il est prévu, depuis un certain temps, que l'actuel Directeur Général du Bureau de Monétisation des Programmes d'Aide au Développement (BMPAD), monsieur Ignace Saint-Fleur, soit révoqué. Pour y parvenir, il faudra montrer son incompétence et son incapacité à la tête de l'institution. C'est d'ailleurs l'un des rares amis de l'ancien président encore en poste.
On connait mal le rôle que joue le BMPAD dans la crise persistante provoquée par une rareté artificiellle des produits pétroliers sur le marché haïtien. Cette crise qui prévaut dans le pays depuis plusieurs mois par la création des marchés parallèles est une arnaque contre la majorité de la population.
Le BMPAD qui est impliqué dans l'achat des produits pétroliers pour le compte de l'État haïtien avec l'argent des contribuables ne se montre pas toujours à la hauteur de ce qui se passe actuellement dans le secteur.
C'est politiquement correct que des signitaires de l'accord du 11 septembre 2021 qui se séparent le pouvoir avec le Premier ministre Ariel Henry veulent occuper cette fonction. Mais à quel prix et pour résoudre quel problème?
Les fêtes de fin d'année s'annoncent difficiles dans le pays. Le citoyen le plus ordinaire comprend déjà que la crise du carburant ne va pas être résolue demain matin. Il s'agit là d'une manipulation à la fois économique et politique d'un groupe d'individus mal intentionnés dont le seul objectif est de gagner de l'argent en créant des marchés parallèles sous le regard bienveillant de l'État.
Et, ce n'est pas un gouvernement dépourvu de leadership ni de légitimité populaire qui viendra solutionner le problème. Nous aimerions avoir tort sur ce point précis.
5- la chèrté de la vie et la famine généralisée occasionneront éventuellement des émeutes de la faim à la fin de l'année.
En Haïti, vue le contexte actuel des choses, vue la réalité socio-économique, tout est possible, et des émeutes de la faim dans les grandes villes du pays notamment à Port-au-Prince, à Cap-Haïtien et aux Gonaïves, sont très probables au mois de décembre 2021. Mais, nous avons la malheureuse impression que les décideurs politiques de Port-au-Prince ne comprennent pas tant que ça les enjeux.
Aujourd'hui, il faut pratiquement 103 gourdes pour un dollar américain et les prix de tous les produits qui constituent le panier alimentaire haïtien notamment le riz, le haricot, la farine, le maïs, l'huile végétable et le sucre, se multiplient déjà par trois ou par quatre. C'est-à-dire, les prix des produits de première nécessité explosent de manière considérable dans les marchés publics haïtiens et les familles sont incapables de se nourrir.
Des millions d'enfants et d'adultes souffrent de malnutrition ou meurent de faim dans un pays où des groupes armés existent presque partout notamment dans les grandes villes. Qu'est-ce qui empêcherait des scènes de pillage à la fin de l'année 2021?
La Rédaction de PROFILE AYITI.