Dans Léviathan, un ouvrage que nous vous recommandons largement, Thomas Hobbes nous dit qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, la guerre de chacun contre chacun. Fin de citation!
Après plus de vingt ans de travail assidu, de constance et de risques, dans quelque pays civilisé qu'il se trouverait, Valéry Numa serait une légende vivante et un icône, peu importent les rumeurs à son sujet.
Malheureusement, Haïti est arrivée à un carrefour aujourd'hui où plus aucun pouvoir commun, dirait Hobbes, ne tient ni les femmes ni les hommes en respect. L'irrespect généralisé qui caractérise la société haïtienne sous prétexte d'une quelconque démocratie depuis un certain temps, fait que plus rien ni personne n'a de valeur dans ce pays. Des personnes que nous devrions honorer chaque jour, sont constamment victimes de moquerie par des individus qui n'ont, pour leur part, apporté aucune contribution soutenable à la construction nationale. C'est carrément inacceptable!
Valéry Numa est quelqu'un d'origine modeste qui a fait des études en communication à l'université d'État d'Haïti avant de commencer sa carrière dans le journalisme. S'il a eu la chance de réussir dans l'entrepreneuriat en même temps c'est parce qu'il a pris des risques que la majorité d'entre vous n'aurait jamais voulu prendre. Par conséquent, cet homme aurait le mérite d'être un exemple à suivre ou un cas d'étude au lieu d'être objet de moquerie!
Vous auriez dû présenter un homme de cette trempe comme modèle à la jeunesse désespérante du pays, aux jeunes gens des quartiers populaires plutôt que de vous montrer irrespectueux envers lui. Vous pouvez toujours vous trouver de grosses raisons pour ne pas apprécier un modèle réussi, mais aller jusqu'à vous en moquer ouvertement relève de l'ignorance et de l'irrespect sans borne.
Honnêtement, nous ne pensons pas qu'il faut aimer tout le monde ni qu'il faut être aimé de tout le monde, mais respecter les gens, peu importent leurs origines ou leurs opinions, ceux-là mêmes qui ont fait des sacrifices pour ce pays, c'est presqu'un devoir. C'est une obligation même! Parce qu'au final, respecter l'autre c'est se respecter soi-même! Reconnaître la valeur de l'autre c'est se montrer valeureux, car, dit-on, la valeur doit reconnaître la valeur d'une valeur!
Les raisons pour lesquelles on n'aime pas les gens ne manquent pas. Mais en Haïti, c'est étonnant comme les gens peuvent vous détester pour un rien. Vous construisez votre petite vie tranquillement, une petite carrière, et du coup, on vous colle des étiquettes juste parce qu'on ne comprend pas comment vous y êtes parvenu. Vous êtes détesté parce que vous avez une position sur une question d'intérêt général qui serait contraire à celle qu'on attendait de vous. C'est triste dans une soi-disant démocratie!
Si vous pensez que le natif de Camp Perrin est responsable de ce qui arrive dans le pays aujourd'hui c'est-à-dire le banditisme, l'insécurité, les faux leaders et tout, mais honnêtement, pourquoi vous continuez à l'écouter? Et comment un journaliste, à lui seul, peut-il être responsable du malheur d'Haïti aujourd'hui? Nous aurions aimé qu'on nous explique ça et qu'on nous fasse comprendre! Parce qu'à nos yeux, quelle que soit la dimension d'un journaliste, à moins qu'il soit chef de file d'un mouvement "kraze peyi", il est presqu'impossible qu'il soit responsable à lui seul du malheur de toute une nation!
Pour faire court, Haïti n'est pas devenue chaotique en 20 ans de carrière d'un homme. Ce que nous vivons aujourd'hui c'est le résultat de toutes les mauvaises décisions que nous avons prises sur une période longue de 200 ans et plus. En d'autres termes, la réalité actuelle d'Haïti est le résultat de toutes les bonnes décisions que nous avons refusé de prendre depuis novembre 1803. Lorsqu'en octobre 1806, nous avons décidé d'assassiner le père de la nation, nous aurions dû savoir que les conséquences qui en découleraient, seraient lourdes, longues, douloureuses, et que cette barbarie qui est condamnée par l'histoire, affecterait, de manière structurelle, la vie publique haïtienne pendant longtemps. Point.
Arrêtez donc de vous moquer des gens utiles, rendez-vous utile de préférence!
M. Charles Philippe BERNOVILLE
Fondateur de PROFILE AYITI.