Il existe une histoire selon laquelle pendant toute la période de l'esclavage en Amérique, les enfants sont forcés de travailler dans les plantations et, comme les adultes esclaves, ils sont également victimes d'abus, de violences physiques et morales. Mais, pour des raisons que nous ne savons pas encore, cette catégorie d'esclaves n'est pas trop considérée par les historiens. Les enfants nés dans l'esclavage, leur sort et leurs conditions sont donc méconnus.
Évidemment, les conditions des enfants esclaves sont différentes d'un régime à un autre. Par exemple, il est révélé que dans l’Ancien Régime, les nouveaux-nés ont peu de chances de survivre et des études montrent que le taux de mortalité infantile de l'époque est cruel: plus de 90 % des enfants sont morts avant l'âge d'un an à Grenade au XVIIIe siècle parce qu'ils sont très vite abandonnés.
Lorsqu'il y a des révoltes dans ces colonies, les soldats qui répriment les esclaves, s’assurent des revenus supplémentaires en vendant les esclaves capturés, notamment les femmes et les enfants. Mais, pour essayer de mettre fin à ces transactions, un décret royal interdit la vente des filles de moins de neuf ans et demi, et celle des garçons de moins de neuf ans et demi. Le décret ne sera pas appliqué et les enfants morisques vendus illégalement vont grandir comme esclaves chez leur propriétaire.
À Saint-Domingue, colonie française, la question est plus simple à étudier parce que c'est le Code noir qui établit les conditions ou le sort des nouveaux-nés, et éventuellement les punitions réservées à leurs parents. Par exemple, l'homme libre qui a un enfant avec une esclave est condamné à payer une amende de 2 000 livres de sucre au maître de l'esclave, et s'il est le maître de l'esclave de laquelle il a l'enfant, en plus de payer l'amende, on lui retire l'esclave et l'enfant qui ne seront jamais libres.
"Les hommes libres qui auront eu un ou plusieurs enfants de leur concubinage avec des esclaves, ensemble les maîtres qui les auront soufferts, seront chacun condamnés en une amende de 2000 livres de sucre, et, s'ils sont les maîtres de l'esclave de laquelle ils auront eu lesdits enfants, voulons, outre l'amende, qu'ils soient privés de l'esclave et des enfants et qu'elle et eux soient adjugés à l'hôpital, sans jamais pouvoir être affranchis. N'entendons toutefois le présent article avoir lieu lorsque l'homme libre qui n'était point marié à une autre personne durant son concubinage avec son esclave, épousera dans les formes observées par l'Eglise ladite esclave, qui sera affranchie par ce moyen et les enfants rendus libres et légitimes". (Article 9 du Code noir).
Lorsqu'un un enfant est né du mariage entre esclaves dans les colonies françaises dont Saint-Domingue (Haïti), Guadeloupe ou Martinique, cet enfant est esclave et appartient au maître de sa mère mais non à celui de son père si les parents ont des maîtres différents. Et puis, en vrai, l'esclave est un bien meuble, il n'a pas le droit d'être père ni d'être appelé "papa". Si l'enfant reste avec sa mère c'est pour qu'il puisse survivre uniquement.
"Les enfants qui naîtront des mariages entre esclaves seront esclaves et appartiendront aux maîtres des femmes esclaves et non à ceux de leurs maris, si le mari et la femme ont des maîtres différents". (Article 12 du Code noir).
En revanche, un homme eslcave qui se marie à une femme libre, s'ils font un enfant, cet enfant sera libre comme sa mère malgré la servitude du père. Si le père est libre et la mère esclave, l'enfant qui est né de cette union, connaîtra l'esclavage comme sa mère.
"Voulons que, si le mari esclave a épousé une femme libre, les enfants, tant mâles que filles, suivent la condition de leur mère et soient libres comme elle, nonobstant la servitude de leur père, et que, si le père est libre et la mère esclave, les enfants soient esclaves pareillement". (Article 13 du Code noir).
Dans certains cas, le nouveau-né est vendu, mais pas sans sa mère parce qu'il aurait peu de chances de rester en vie. Sur la rentabilité des enfants ou sur le travail qu'on leur donne à faire, il y a un âge minimum pour qu’un enfant soit considéré comme rentable dans certaines colonies.
Employé à des tâches considérées comme simples et faciles, l'enfant esclave doit pouvoir exécuter son travail même s'il n’y a pas vraiment de consensus général sur l'âge à partir duquel il commence à travailler. Alessandro Stella, dans son travail sur les apprentis, constate que les corporations de Venise entre 17ème et 18ème siècle avaient établi l’âge pour mettre un enfant au travail entre 8 à 10 ans. Mais, à Saint-Domingue, les enfants esclaves travaillaient plutôt et sous beaucoup de pressions.
Aujourd'hui, on sait que la Journée internationale contre l’esclavage des enfants, instituée en 1995, le 16 Avril, commémore la mort brutale d’un enfant pakistanais de 12 ans qui a été vendu par sa famille afin de rembourser une dette. En 2019, on estimait que les enfants représentaient plus de 10 % des travailleurs mondiaux et que plus de 20 000 seraient tués chaque année pendant qu'ils travaillent. Et selon l’Organisation internationale du travail (OIT), 10 millions d’enfants dans le monde sont victimes d’esclavage, de traite, de servitude pour dettes et d’autres formes de travail forcé, de recrutement forcé pour un conflit armé, de prostitution, de pornographie et d’autres activités illicites; 114 millions de travailleurs mondiaux sont des enfants âgés de moins de 14 ans.
Pour études complémentaires, PROFILE AYITI vous recommande "Pour l'histoire et la vérité, le texte intégral du Code noir" ou la description suivante: https://profileayiti.blogspot.com/2021/02/pour-lhistoire-et-pour-la-verite-le.html; La petite enfance en esclavage dans le royaume de Grenade au XVIe siècle, Marie-Christine Delaigue et Aurelia Martín Casares, http://www.unicaen.fr/mrsh/hce/index.php?id=580; L'esclavage des enfants, encore et toujours un fléau planétaire, Radio Canada Internationnal, https://www.rcinet.ca/fr/2019/04/16/lesclavage-des-enfants-encore-et-toujours-un-fleau-planetaire/".
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M. Charles Philippe BERNOVILLE
Président et directeur des recherches.