Le 1er décembre 1821, des leaders dominicains publient une constitution par laquelle ils proclament leur indépendance de l'Espagne mais unit le pays à la République de Colombie. Considérant que cette constitution est une oeuvre qui ne répond pas aux attentes sociales et populaires dominicaines, et qu'elle provoque un mécontentement général chez les Dominicains dès sa publication, un groupe de citoyens dominicains qui se considèrent comme des patriotes, écrit au président d'Haïti de l'époque, SEM Jean-Pierre Boyer, pour dénoncer la constitution et lui proposer d'incorporer la partie orientale de l'île à la République d'Haïti dans le temps le plus court possible.
Dans cette lettre qui deviendra historique, la Junte Centrale Provisoire de Santiago, s'adressant à Jean-Pierre Boyer, affirme que tous les citoyens dévoués à leur pays ont déterminé de recourir à Son Excellence, pour qu’elle daigne prêter l’oreille à leurs réclamations et se souvenir qu’elle a promis d’être le pacificateur et l’ami des habitants de cette partie de l'île; que Son Excellence leur accorde les secours nécessaires pour parvenir à l’indépendance, et que la constitution de la République d’Haïti les régisse désormais!
Nous vous invitons à lire l'intégralité de la lettre en deux versions (française et espagnole):
"Très Excellent Monsieur,
Les patriotes soussignés, au nom de la Junte Centrale Provisoire de Saint-Yague (Santiago de los Caballeros), mus par des sentimens non équivoques, à la vue de l’acte constitutif du 1er décembre relatif à l’indépendance dominicaine unie à la République de Colombie, ont l’honneur de dénoncer à Votre Excellence cette œuvre informe et anti-sociale qui a excité le mécontentement universel lors de sa publication à Santo-Domingo.
Cette constitution imprudente établit des distinctions entre le paysan (paysano ou habitant) et le militaire, entre le pauvre et le riche, entre les différens districts de cette partie, et maintient l’esclavage au mépris des bases fondamentales de toute société politique. Elle n’assure, en outre, aucun dédommagement au pauvre soldat qui essuie de longues fatigues sans paye, et ruine le commerce des malheureux cultivateurs.
Enfin , pour ne pas distraire trop longtemps Votre Excellence, nous lui disons qu’un tel acte, conçu dans la vue de faire prospérer quelques particuliers, en sacrifiant des milliers de pères de famille respectables, offre des taches si monstrueuses, que tous les citoyens dévoués à leur pays ont déterminé de recourir à Votre Excellence, pour qu’elle daigne prêter l’oreille à leurs réclamations et se souvenir qu’Elle a promis d’être le pacificateur et l’ami des habitans de cette partie. Qu’Elle nous accorde les secours nécessaires pour parvenir à l’indépendance, et que la constitution de la République d’Haïti nous régisse désormais! Nous la désirons avec la liberté générale des esclaves: nous demandons à vivre tous dans l’union et la fraternité. Tel est le but de la délégation que nous envoyons à Votre Excellence. Nous espérons qu’Elle aura confiance en nous, et qu’Elle nous secondera dans notre glorieuse entreprise.
Les délégués que nous envoyons à Votre Excellence sont les sieurs Juan-Nunez Blanco, Fernando Morel de Santa-Cruz, José Peralto et Jose-Maria Salicedo. Nous ne manquerons pas de tenir Votre Excellence sur les avis, espérant qu’Elle nous accordera tous les secours dont nous aurons besoin, avec la célérité qu’exige une entreprise de si haute importance."
Lettre de la Junte Centrale Provisoire de Santiago adressée au président Jean-Pierre Boyer pour lui demander l'unification de l'île d'Haïti.
Décembre 1821.
(Version espagnole)
"Muy Excelente Señor,
Los abajo firmantes Patriotas, en nombre de la Junta Central Provisional de Saint-Yague (Santiago de los Caballeros), movidos por sentimientos inequívocos, a la vista del Acta Constitutiva de 1 de diciembre relativa a la independencia dominicana Unida con la República de Colombia, tienen el honor de denunciar a Vuestra Excelencia este trabajo informe y antisocial que despertó el descontento universal cuando fue.
Esta imprudente constitución hace distinciones entre el campesino (campesino o habitante) y el militar, entre los pobres y los ricos, entre los diferentes distritos de este partido, y mantiene la esclavitud haciendo caso omiso de las bases fundamentales de cualquier Sociedad política. Además, no proporciona ninguna compensación al pobre soldado que sufre una larga fatiga sin sueldo, y arruina el comercio de los desafortunados agricultores.
Finalmente, para no distraer a Vuestra Excelencia por demasiado tiempo, le decimos que tal acto, diseñado para hacer prosperar a unos pocos individuos sacrificando a miles de padres respetables de familias, ofrece manchas tan monstruosas, que todos los ciudadanos dedicados a su país han decidido recurrir a Vuestra Excelencia, para que se dedique a escuchar sus afirmaciones y recordar que ha prometido ser Que nos conceda la ayuda necesaria para alcanzar la independencia, y que la Constitución de esa República de Haití nos gobierne a partir de ahora ! Lo deseamos con la libertad general de los esclavos: pedimos vivir todos en unión y fraternidad. Ese es el propósito de la delegación que enviamos a Su Excelencia. Esperamos que ella tenga confianza en los Estados Unidos y que nos ayude en nuestro glorioso esfuerzo.
Los miembros que enviamos a Su Excelencia son los Sres Juan-Núñez Blanco, Fernando Morel de Santa Cruz, José Peralto y José-María Salicedo. No dejaremos de mantener a su Excelencia en el asesoramiento, esperando que ella nos brinde toda la ayuda que necesitamos, con la velocidad requerida por una empresa tan importante."
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