L'histoire nationale d'Haïti retient le premier conflit diplomatique ouvert haïtiano-allemand sous le nom d'Affaire Luders. Un moment humiliant pour le gouvernement haïtien de l'époque et pour des générations d'Haïtiens. Que s'est-il vraiment passé?
En septembre 1897, la police haïtienne recherche un citoyen haïtien du nom de Dorléus Présumé, accusé de vol. Il est retrouvé en train de nettoyer une voiture dans les Écuries Centrales de Port-au-Prince appartenant à un certain Luders, un autre citoyen d'origine allemande.
Le 14 octobre de la même année, Dorléus et Luders sont condamnés à un an de prison pour rébellion avec voies de fait contre des Agents de Police. Le 17 octobre, Schwerin, le chargé d'affaires allemand à Port-au-Prince, demande la libération immédiate de Luders, la destitution des juges et la révocation des agents de police impliqués dans l'affaire.
Le 22 octobre, le gouvernement haitien libère Luders, mais, pour les Allemands, le dossier n'est pas classé et il y aura des poursuites. L'histoire retiendra cet épisode malheureux de la vie socio politique haïtienne sous le nom d "Affaire Luders".
En effet, le 6 décembre 1897, soit moins de deux mois plus tard, la marine impériale allemande arrive dans la rade de Port-au-Prince, capitale politique et administrative d'Haïti, dans l'objectif de faire pressions sur les autorités haïtiennes de l'époque afin d'obtenir des indemnités et des privilèges pour le compte de Luders, des excuses et un salut aux canons pour le compte du gouvernement de Berlin dans le temps le plus court qui soit, tout en sachant que l'armée nationale ne recevra pas l'ordre de répliquer.
C'est ainsi que le commandant allemand à bord, Thiele, annonce au gouvernement haïtien, avec une arrogance sans égale, l'ultimatum qui suit: une indemnité de 20 000 dollars pour Luders; la promesse que Luders peut revenir en Haïti pour s'occuper de ses affaires; une lettre d'excuses au gouvernement de Berlin; un salut de 21 coups de canon au drapeau allemand.
Le gouvernement haïtien a un délai de 4 heures pour réagir, sinon la marine impériale allemande bombarde Port-au-Prince. Les dirigeants haïtiens cèdent. Le 12 mai 1902, considéré que cette affaire est un coup dur à son prestige et à son image, le président Tirésias Simon Sam démissionne.
En revanche, il faudra attendre jusqu'en décembre 1941, sous la gouvernance d'Élie Lescot, pour qu'Haïti déclare la guerre à l'Allemagne aux côtés des États-Unis d'Amérique. Il s'agira non seulement, pour les Haïtiens, d'un acte d'amitié profonde envers les Américains engagés dans la deuxième guerre mondiale, mais surtout d'un moment de vengeance à la fois historique, militaire et politique contre l'Allemagne.
Voir plus L'histoire interdite d'Haïti dans la Deuxième Guerre Mondiale.
Pour études complémentaires, PROFILE AYITI vous recommande "Solon Ménos, L'affaire Luders, 1898; La Revue diplomatique, Ed. Beauquesne, 21 novembre 1897, p. 4, Le conflit de l'Allemagne avec Haïti; Le journal des débats, 5 novembre 1897, p. 2, Haïti, le différend avec l'Allemagne; Henri Pensa, Raoul de Thomasson, Questions diplomatiques et coloniales, vol. 1, p. 54, 1898; l'histoire interdite d'Haïti dans la deuxième guerre mondiale, Charles Philippe Bernoville, 2019".
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M. Charles Philippe BERNOVILLE
Président et directeur des recherches.
Merci pour cette tranche d'histoire
RépondreSupprimerMerci beaucoup.....
RépondreSupprimermerci
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