"À bord de l’Océan, le 14 pluviôse an X.
J’apprends avec indignation, citoyen général, que vous refusez de recevoir l’escadre et l’armée française que je commande, sous le prétexte que vous n’avez pas d’ordre du gouverneur général.
La France a fait la paix avec l’Angleterre, et le gouvernement envoie à Saint-Domingue des forces capables de soumettre des rebelles, si toutefois on devait en trouver à Saint-Domingue.
Quant à vous, citoyen général, je vous avoue qu’il m’en coûterait de vous compter parmi les rebelles. Je vous préviens que si, aujourd’hui, vous ne m’avez pas fait remettre les forts Picolet, Belair et toutes les batteries de la côte, demain à la pointe du jour quinze mille hommes seront débarqués. Quatre mille débarquent en ce moment au Fort-Liberté, huit mille au Port-au-Prince. Vous trouverez ci-joint ma proclamation ; elle exprime les intentions du gouvernement français. Mais rappelez-vous que, quelque estime particulière que votre conduite dans la colonie m’ait inspirée, je vous rends responsable de tout ce qui arrivera.
Le capitaine-général, Leclerc."