Il ne sert à rien d'offenser les gens s'ils ne peuvent pas rester chez eux pour se confiner, parce qu'ils sont obligés de sortir dans les rues chaque jour pour trouver un morceau de pain afin de nourrir leurs enfants et leurs familles. Si vous n'avez jamais été parent ni soucieux de vos proches dans un pays où le strict minimun n'est jamais disponible, comment pouvez-vous comprendre de telles attitudes?
Comparer ces pauvres gens à l'âne sur le dos du soldat et les traiter d'imbéciles, c'est étaler son ignorance sans ambage, c'est se montrer incapable de communiquer grâcieusement avec ces mères et pères de famille qui ont toujours eu la vie difficile, et qui continueront à affronter les difficultés quotidiennes d'une vie précaire si jamais ils survivent à l'épidémie Covid-19.
En conséquence, comment des citoyens aussi vulnérables habitant dans des bidonvilles où aucun service de base n'a jamais existé, vivant dans des villes mal administrées, et pour qui vous n'avez manifesté, jusque-là, aucun intérêt ni aucun respect, peuvent soudainement se mettre à croire qu'ils sont votre priorité?
Vous devez être patient, même si chaque minute compte et importe beaucoup. Un peuple auquel vous avez menti pendant plus de 200 ans a besoin du temps pour croire en vos consignes aujourd'hui. Si votre patience est à bout, utilisez la force, et on verra la suite. Mais, au stade où nous sommes, seule une communication grâcieuse, une gestion transparente et intelligente de la crise nous aideront à réduire les dégats.
La confiance gouverne mieux que l'arrogance.
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M. Charles Philippe BERNOVILLE
Mercredi 08 Avril 2020.
