Joseph Balthazar Inginac est né en 1775 dans la ville de Léogâne. Ancien général de l'armée d'Haïti, il a été secrétaire général auprès des anciens présidents Alexandre Pétion et Jean-Pierre Boyer. À ce titre, il jouait le rôle de Chef de cabinet pour ces présidents-là.
En octobre 1843, accusé de trahison à la patrie, de complicité avec l'ex président d'Haïti Jean-Pierre Boyer, et averti qu'il doit être jugé par un jury national, l'ex-secrétaire général, Joseph Balthazar Inginac, s'adresse à la nation haïtienne et au monde civilisé, depuis Jamaïque, pour éclaircir les faits. Il en profite pour rappeler aux Haïtiens que la vérité leur sera toujours utile si leur but est la justice, l'intérêt du pays ou la pratique des vertus sociales.
Nous avons le plaisir de vous présenter un premier extrait de son mémoire qui implique les généraux Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines. Lisez-le attentivement et attendez notre prochaine publication!
"Kingston, Jamaïque, Octobre 1843.
À LA NATION HAÏTIENNE,
En la Personne de Ses Représentants.
AU MONDE CIVILISÉ
De Joseph Balthazar Inginac, Général de Division, Ex-Secrétaire Général près l'ex Président d'Haïti.
En réfutation de l'accusation portée contre lui par la dictature de la République d'Haïti, du 10 Mars dernier de trahison envers la Patrie de complicité avec l'ex Président co-accusé.
Haïtiens,
En quelle que position que vous vous trouviez, ayez la force d'entendre la vérité: elle vous sera toujours utile si votre but, ne doit être que la justice, l'intérêt de notre pays et la pratique des vertus sociales! Rappelez-vous sans cesse que tous les regards sont fixés sur vous, et que l'opinion du monde civilisé est le plus sévère comme le plus équitable des juges; vous échapperez à sa condamnation, en observant les principes du droit commun, du droit des gens et des nations et non pas en vous contentant seulement de proclamer de grandes et belles doctrines sans les mettre en pratique. Le coupable seul craint d'élever la voix, mais l'innocent injustement accusé doit faire entendre la sienne avec la force et la fierté de l'homme libre et consciencieux.
Accusé de trahison envers ma patrie, de complicité avec l'ex Président d'Haïti, averti que je dois être jugé par un Jury National, ainsi que mes co-accusés, et les termes de la sentence qui me met en accusation entraînant l'arrestation, me faisant craindre qu'en me présentant personnellement devant mes juges, je ne jouirais pas, dans ma défense, de toute la liberté indispensable à ma cause, je prends la plume pour offrir au monde le mémoire de ma vie et de mes actions, afin que quelle que soit l'issue de l'accusation portée contre moi, à Haïti, je puisse être jugé librement et ouvertement par le tribunal de l'opinion publique, le seul que je reconnaisse aujourd'hui. Il sera facile à mes juges de vérifier tout ce qui y sera relaté, en établissant une enquête loyale d'après ma correspondance particulière et politique avec mes compatriotes, pendant le long espace de temps que j'ai eu à supporter le fardeau d'une vie publique pénible, et passée dans le plus grand desintéressement, dans la pensée, qu'il était honorable de se sacrifier, pour concourir à la régénération de ses semblables.
L'accusation portée contre moi de traître à ma Patrie, de complicité avec l'ex chef de l'État, pouvant être qualifiée d'arbitraire, m'a placé dans la nécessité de m'adresser par ma lettre en date du 22 Avril dernier au Gouvernement provisoire d'Haïti, pour connaître les principaux chefs de cette accusation, afin d'être à même de répondre plus directement à chaque grief; dans l'incertitude d'obtenir l'objet de ma demande, je me décide à présenter l'historique de ma vie depuis le commencement de 1798 jusqu'au 13 Mars 1843.
Je ne m'attacherai qu'aux vérités les plus exactes, persuadé qu'elles sont toujours utiles à ceux qui n'ont en vue que la pratique des vertus sociales, et le bien être des peuples, en suivant les principes de la saine raison : s'il y a des chefs d'accusation qui ne se trouveront pas suffisamment éclaircis ou auxquels il semblerait que je n'ai pas répondu, je m'empresserai d'y satisfaire avec candeur, aussitôt qu'ils me seront désignés, et autant que Dieu me prêtera vie, car je ne veux rien esquiver, ma régie de conduite étant de jouer Cartes sur table.
Je réclame la patience, comme l'indulgence des lecteurs, à cause de la gravité de l'affaire, espérant que chacun se rappelera cette pensée du sage "qu'il faut bien se garder de prononcer avant d'avoir bien entendu et bien vérifié les faits.
J'entre en matière. Etabli comme négociant au Port-au- Prince, je me trouvai en 1798, honoré de l'agence de Messieurs George et Andrew Bogie... ce qui m'attira la jalousie des anciens colons, négociants de la même ville; lorsque la guerre civile entre les généraux Toussaint Louverture et Rigaud moissonnait la population de couleur, je fus dénoncé par Messieurs Huin, Bonnay Cazeau et Borgella (ce dernier, père de l'infortuné Général de ce nom, mon co-accusé) au Général Dessalines, comme ayant manqué de respect à son autorité, et cela parce que je ne pus consentir à faire à mes accusateurs, qui étaient déjà en retard de me fournir des denrées pour de grosses sommes d'argent que je leur avais comptées, de nouvelles avances qu'ils me disaient destinées au Général Dessalines, leur associé, pour l'exploitation d'une demi-douzaine de sucreries à l'Arcahaie; le Général, qui était la terreur du temps, me menaça sans m'entendre, de son courroux, et m'annonça qu'il allait arriver bientôt au Port-au-Prince pour me châtier de ce qu'il appelait mon impudence! Je n'avais, pour me soustraire à la mort, que deux moyens à employer: c'était ou de compter l'argent qui m'était demandé, ou d'abandonner mes affaires et mon pays; le dernier parti fut celui que je pris; et voilà la cause de mon émigration à la Jamaïque au commencement de 1799...
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Pour études complémentaires, PROFILE AYITI vous propose "Mémoires de Joseph Balthazar Inginac, 1843".
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Notes de Charles Philippe BERNOVILLE
Président et directeur des recherches.