Le 08 octobre 1820, incapable d'affronter personnellement les menaces auxquelles le Royaume d'Haïti fait face, le Roi Henry Christophe se donne la mort, un désordre presque total s'ensuit, et l'armée de la République du Sud-Ouest, menée par le président Jean-Pierre Boyer, marche sur le Nord, mais avec prudence. Le 17 octobre, se trouvant déjà dans les territoires du Royaume d'Haïti, le président Jean-Pierre Boyer publie un ordre pour exprimer sa satisfaction à tous ceux qui ont servi utilement la cause de la liberté et de l'égalité avant de rassurer les habitants. Nous vous invitons à lire l'ordre avant de continuer:
"Le Président d’Haïti s’empresse de témoigner sa satisfaction, au nom de la patrie, à tous les Haïtiens qui, dans ces circonstances, ont servi utilement la cause de la liberté et de l’égalité, et de leur assurer que rien ne sera épargné pour adoucir leur sort. Les militaires qui sont en retard de faire leur soumission, doivent se présenter sans crainte. La République est clémente, parce qu’elle est forte ; elle n’a que des enfans à réunir et point d’ennemis à combattre : ceux-là, seuls, qui oseraient résister au vœu du peuple, en se conduisant par des vues particulières, seront livrés au glaive de la loi… Il est défendu de faire couler le sang de personne : celui qui se le permettra sera considéré comme assassin. Le Président d’Haïti doit parcourir toute la partie du Nord, avec des forces imposantes, non pas pour conquérir, mais pour concilier et pacifier. Le peuple veut être libre, il le sera : la constitution, seule, peut lui garantir ce précieux avantage, parce que la constitution de la République est l’ouvrage de ses Représentans."
En effet, le 19 octobre 1820, soit deux jours après l'ordre de Jean-Pierre Boyer, quatre généraux de "l'organe du peuple et de l'armée du Nord-Ouest" lui écrivent une lettre pour essayer de mettre les choses au clair. En revanche, le président Boyer attend que son armée soit à proximité de Plaisance, le 22 octobre, pour répondre aux quatre généraux dans un ton politique solide. Nous vous proposons ici l'intégralité de la lettre responsive du président Jean-Pierre Boyer aux généraux de l'organe du peuple et de l'armée du Nord-Ouest:
"Au quartier-général du Poteau, le 22 octobre 1820, an 17e de l’indépendance.
Jean-Pierre Boyer, Président d’Haïti,
Aux généraux Richard, Lebrun, Prophète Daniel et Sainte-Fleur, au Cap.
J’ai reçu et lu attentivement, Messieurs, votre lettre du 19 courant. Je suis fâché que vous ayez mal interprété mes intentions, qui n’ont jamais cessé d’être favorables à la cause de la vraie liberté. Si vous eussiez réfléchi sérieusement sur la mission dont vous avez chargé le citoyen Constant Saul à Saint-Marc, sur l’envoi de vos députés (J.-J. Adonis et E. Michaud) près de moi, vous eussiez attendu leurs nouvelles avant de m’écrire la lettre que j’ai sous les yeux, et dans laquelle se trouvent des expressions peu faites pour amener une réconciliation entre des frères qui doivent, de bonne foi, vivre réunis pour le bonheur de leur pays.
Comme je n’ai jamais eu aucune vue hostile, et que toutes mes démarches se rattachent à ce qui peut consolider l’indépendance nationale, je ne m’arrêterai pas aux mois et je me réfère à ma lettre à vous adressée le 18 de ce mois, par mes aides de camp qui ont accompagné vos envoyés au Cap. J’espère que vous avez trouvé dans ma dépêche en réponse à votre ouverture (verbale), dans mon ordre du jour du 17 courant, dans le rapport de vos propres envoyés, toutes les assurances possibles sur mes intentions pacifiques. Je n’ai pour boussole que la constitution de la République, qui a été l’ouvrage des Représentants du peuple, tant du Nord que des autres départemens. Je ne suis dominé par aucune ambition particulière ; je n’agis que pour faire mon devoir. Je me plais à croire, qu’après avoir concouru à abattre la tyrannie de Christophe, vous ne voudriez pas méconnaître le gouvernement légal de la Nation et compromettre, par de fausses vues, la sécurité publique.
Je n’ai jamais fait un acte qui fût contraire à mes devoirs. En répondant à Sir Home Popham, sur sa proposition, que je formais des vœux pour la réconciliation des Haïtiens, je n’ai pu penser porter atteinte à la constitution de l’Etat ; je ne pouvais pas non plus le faire.
L’armée qui s’avance avec moi ne compte, dans le Nord, que des frères et des amis ; elle n’est point destinée à combattre : je l’ai déjà dit, et je le répète avec plaisir. Si on veut s’opposer à sa marche, on pourra l’essayer ; les premiers coups ne partiront pas d’elle ; mais, malheur à celui qui oserait donner le signal de la guerre et du deuil ! Il sera responsable à la Nation, à l’univers entier, du sang qu’il fera verser et duquel je serai toujours très-avare. La postérité le jugera d’après les faits qui seront clairement exposés aux philanthropes des deux mondes.
Signé : Jean-Pierre Boyer."
Pour lire la lettre des généraux de l'organe du peuple et de l'armée du Nord-Ouest, cliquez sur la description ci-dessous:
https://profileayiti.blogspot.com/2020/03/lettre-des-generaux-du-nord-au.html#links
Pour études complémentaires, PROFILE AYITI vous recommande "Étude sur l'histoire d'Haïti, tome 8, Beaubrun Ardouin" et le Blog de Profile Ayiti.
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Notes de Charles Philippe BERNOVILLE
Président et directeur des recherches.