Au lendemain de l'assassinat de Jean-Jacques Dessalines, père fondateur de la Première République Noire du monde, sa famille notamment son épouse Marie-Claire Heureuse Félicité Bonheur Dessalines, est complètement abandonnée par l'État haïtien, bien qu'Alexandre Pétion lui a envoyé une lettre, le 19 octobre 1806, dans laquelle il justifie la mort du Premier Empereur haïtien avant de faire des promesses qu'il ne tiendra pas.
Madame Dessalines sera traitée de la manière la plus décevante qui soit. Ses droits comme "Héroïne de la guerre de l'indépendance" aux côtés de son époux seront bafoués, violés et méprisés; et comme Première Impératrice d'Haïti, elle ne jouira d'aucun privilège sous les gouvernements de Pétion et Boyer.
En août 1843, soit 37 ans après l'assassinat de l'empereur, le gouvernement provisoire de Charles Rivière Hérard publie un Décret par lequel on accorde une pension viagère de 1 200 gourdes, payables par douzième, à la veuve Jean-Jacques Dessalines. En 1858, l'Impératrice Marie-Claire Heureuse Félicité Bonheur Dessalines meurt dans la misère presque totale à l'âge de 100 ans dans le département de l'Artibonite. Sa seule erreur est d'avoir épousé le créateur de la liberté. Quel scandale!
Pour voir le Décret, cliquez sur le lien ci-dessous:
https://profileayiti.blogspot.com/2016/02/un-provincial-est-premier-ministre.html#links
En revanche, nous avons trouvé, par la même occasion et dans la même période, que le traitement réservé à la veuve du Roi Henry Christophe fut complètement différent de celui donné à la veuve de l'Empereur Jean-Jacques Dessalines. Pourquoi? Que s'est-il passé?
L'histoire rapporte que l'épouse du Roi Henry Christophe, Sa Majesté Marie-Louise Coidavid Christophe, a été largement mieux traitée par l'État haïtien après la mort de son époux et la chute du Royaume du Nord d'Haïti. Ses propriétés privées sont sécurisées jusqu'au jour où elle décide elle-même de quitter le pays.
En effet, dans une lettre adressée au président Jean-Pierre Boyer, en juillet 1821, écrite par sa fille ainée, la Princesse Améthyste Christophe, la veuve du Premier Roi d'Haïti exprime sa gratitude et ses sentiments de satisfaction dans un registre soutenu: "Je laisse au Cap une partie de ma famille et celle de mon feu mari ; je les recommande à toute votre bienveillance... Je le répète, Président; dans nos malheurs, vous vous êtes montré notre protecteur, notre ami, notre frère, et ces titres m’ont portée à vous demander ces nouveaux et importants services : je sais que vous me les rendrez..."
Voici le contenu intégral de la lettre remise au président Jean-Pierre Boyer par la reine Marie-Louise Coidavid Christophe, le 31 juillet 1821:
"Au Port-au-Prince, ce 31 juillet 1821, an XVIIIe de l’indépendance.
A Son Excellence le Président d’Haïti.
Président,
Sur le point de quitter pour quelque temps ce beau pays, cette patrie qui nous a vues naître et que nous ne cesserons jamais de chérir, moi et mes filles, nous éprouvons le besoin de vous exprimer autrement que de vive voix, toute la reconnaissance que nous ressentons des procédés généreux dont Votre Excellence a usé envers nous depuis neuf mois passés. Recevez, Président, les nouvelles et solennelles assurances du souvenir profond que nous en conserverons. Dans nos malheurs, nous avons trouvé en vous un protecteur, un ami, un frère… Nos cœurs en sont pénétrés d’admiration.
Nous vous prions de nous continuer les mêmes dispositions, et nous connaissons assez votre âme pour être assurées que cette prière ne sera pas vaine. Nous faisons la même prière à votre famille et à la fille de votre immortel prédécesseur, auxquelles nous promettons le plus tendre souvenir.
Je laisse au Cap une partie de ma famille et celle de mon feu mari ; je les recommande à toute votre bienveillance. Je mets sous votre puissante sauvegarde et sous celle de l’honneur de mes concitoyens qui m’ont accueillie avec tant de bienveillance, et la maison que je possède depuis longues années au Cap, et celles que mes filles et moi avons acquises et payées comptant aux domaines, lors des ventes qui en ont été faites par l’État.
Pensant que les importantes et nombreuses occupations du chef de l’État, mon puissant ami, ne lui permettraient pas de régir pour moi ces diverses propriétés, j’ai donné ma procuration au général Magny. Je prie Votre Excellence de l’appuyer de toute sa protection à cet effet. Une grande infortune ne peut intéresser qu’un grand homme ; les indiscrétions que la mienne me met dans le cas de commettre seront, à ce titre, mises par vous au chapitre des exceptions auquel elles appartiennent.
Je le répète, Président; dans nos malheurs, vous vous êtes montré notre protecteur, notre ami, notre frère, et ces titres m’ont portée à vous demander ces nouveaux et importants services : je sais que vous me les rendrez.
Je suis avec respect, Président, de Votre Excellence, la très reconnaissante concitoyenne et amie,
Signé : Veuve HENRY CHRISTOPHE".
Pour études complémentaires, PROFILE AYITI vous recommande "Quand la nation demande des comptes, Alain Turnier, 1989; Histoire d'Haïti, tome 3; Histoire d'Haïti: 1827-1843, Thomas Madiou et le Blog de Profile Ayiti."
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M. Charles Philippe BERNOVILLE
Président et directeur des recherches.