Emmanuel Constant dit Toto Constant est fils d'un ancien militaire haïtien qui a travaillé pour le régime des Duvalier. Constant suit les traces de son père et devient secrétaire général de l’organisation paramilitaire dénommée Front Révolutionnaire Armé pour le Progrès d’Haïti (FRAPH) sous Raoul Cédras, octobre 1991 - octobre 1994, période durant laquelle il y a eu des violations régulières des droits humains dans le pays. Il est important de rappeler que le Front Révolutionnaire Armé pour le Progrès d’Haïti fut une organisation identique aux Volontaires de la Sécurité Nationale (VSN) opérant aux côtés des Forces Armées d'Haïti entre 1993 et 1994 dont les membres sont formés par les militaires de la FADH.
Mais, qu’est-ce qui s’est passé par la suite?
En effet, entre 18 et 22 avril 1994, l’histoire rapporte que des militaires des Forces Armées d'Haïti et des membres du Front Révolutionnaire Armé pour le Progrès ont tué de manière arbitraire plusieurs dizaines d'habitants de Raboteau, à Gonaïves. L’opinion publique haïtienne retient ce moment malheureux sous le nom de "Massacre de Raboteau" dont Emmanuel Constant est considéré comme l’un des principaux responsables.
En septembre 1994, l'Armée américaine débarque en Haïti pour garantir le retour du président Jean-Bertrand Aristide. Le 15 octobre, Aristide reprend le pouvoir et l'Armée haïtienne est démobilisée. Les dirigeants du régime militaire et leurs partisans sont forcés de quitter le pays ou de "partir marron". En décembre, le gouvernement d'Aristide émet un mandat d’arrêt contre Emmanuel Constant qui a eu le temps de quitter le pays pour se rendre en République Dominicaine, puis aux États-Unis.
En 1995, Emmanuel Constant est arrêté par des responsables de l'INS pour être déporté et jugé en Haïti, mais en mai 1996, l'administration de Clinton ordonne sa libération. En revanche, selon une enquête de la justice haïtienne notamment sur le massacre de Raboteau, Constant et d'autres dirigeants du régime militaire sont mis en accusation pour meurtres, tentatives de meurtre, atteintes à l’intégrité physique, tortures, actes de pillage, vols, destructions ou dommages à la propriété privée.
Selon la CIA, Constant est impliqué dans l'assassinat du ministre haïtien de la Justice, Guy Malary, en 1993. De 1992 à 1994, la CIA payait à Constant et à plusieurs membres influents de la junte militaire pour avoir des informations. Par exemple, Emmanuel Constant recevait 500 dollars américains par mois pour les informations fournies à la Central Intelligence Agency, selon des responsables américains et selon Constant lui-même.
En septembre 1995, un juge ordonne l’expulsion de Constant vers Haïti, mais l'ordre n’a pas été exécuté. En décembre, Constant accorde une entrevue à Ed Bradley dans 60 Minutes. Dans cette entrevue, il menace de rendre publics des secrets sur ses relations avec la CIA au début des années 90.
En novembre 2000, un tribunal haïtien condamne Constant "in absentia" au travail forcé à vie reconnaissant qu'il est coupable de meurtre et qu'il est fortement lié au massacre de Raboteau pour avoir été dirigeant du Front Révolutionnaire pour le Progrès d'Haïti à l'époque. En septembre 2003, le président Aristide, lors d'un discours public, demande au gouvernement américain de l'expulser vers Haïti.
En décembre 2004, Center for Justice and Accountability (CJA), une Organisation Non Gouvernementale américaine dépose une plainte civile contre Emmanuel Constant pour tentatives d'éxécutions extrajudiciaires, tortures, traitements cruels, inhumains ou dégradants, violence contre les femmes et crimes contre l’humanité. Il est condamné d’un paiement de 19 millions dollars américains après avoir été trouvé coupable.
En juillet 2008, il est condamné à Brooklyn, New-York, pour fraude fiscale. En octobre, le juge Abraham Gerges condamne Constant à une peine de 12 à 37 ans d'emprisonnement aux États-Unis, dans l'État de New-York, plutôt que de le retourner en Haïti où il peut échapper à la justice. En juin 2016, il est éligible pour la première fois à un discours qui lui a été refusé. En juin 2019, Il est gardé à Eastern Correctional Facility, une prison de New-York, mais en février 2020, Constant doit une audience.
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Pour études complémentaires, PROFILE AYITI vous recommande "The Devil and Sherlock Holmes: Tales of Murder, Madness and Obsession, David Grann; Keys for Writers with Assignment Guides, Spiral bound Version, Ann Raimes, Susan K. Miller-Cochran; Haïti 2004: radiographie d'un coup d'état, Gérard Lehmann".
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M. Charles Philippe BERNOVILLE
Président et directeur des recherches.