En 1955, le président Paul Eugène Magloire favorise la nomination du prêtre français, François Poirier, à la tête de l’archevêché de Port-au-Prince. Poirier devient alors le 7ème prélat à occuper cette fonction depuis la signature du Concordat en 1860, pacte entre l'État d'Haïti et l'État de Vatican.
À cette époque, en Haïti, l'église catholique romaine dont le clergé est presque totalement français, proche de la bourgeoisie mulâtre non progressiste, est très influente. L'influence catholique est lourde dans tous les secteurs de la vie nationale dont celui de la politique. Le but de l'église est de maintenir le statu-quo.
En septembre 1957, Mgr. Poirier s'oppose contre la candidature de docteur François Duvalier à la présidence. Il supporte ouvertement le candidat mulâtre, l'agronome Louis Déjoie, mais c'est François Duvalier qui sera élu président le 22 septembre.
Le 21 novembre 1960, des leaders de l'Union Nationale des Étudiants Haïtiens lancent une série de grèves et de manifestations anti-gouvernementales. Ces manifestations contre le gouvernement de François Duvalier sont appuyées publiquement par l'achevêque de Port-au-Prince, François Poirier. Il commet la plus grave erreur de sa vie. Au même moment, il est déclaré “persona non grata” par le régime.
Le 24 novembre, un arrêté gouvernemental signé par le pésident François Duvalier et le Secrétaire d'État de l'Intérieur et de la Défense Nationale, docteur Aurèle Josèph, exige l'embarquement par la première occasion de l'archevêque Poirier en partance pour l'étranger.
Voici le contenu intégral de l'Arrêté:
"Vu l’article 90 de la Constitution;
Vu le Décret-Loi du 19 novembre 1936;
Vu la Loi du 29 février 1948;
Vu la Loi du 19 septembre 1953 sur l’immigration et l’émigration;
Considérant que le Droit d’expulsion est un attribut de la souveraineté d’État;
Considérant que chaque État, dans les limites de son territoire, édicte des mesures garantissant sa sûreté intérieure et extérieure; qu’en conséquence il a le droit d’expulser tout étranger dont les menées sur le sol national sont de nature à compromettre cette sécurité, parce que subversives de l’ordre social ou politique établi;
Considérant que le devoir du Gouvernement haïtien de garantir à l’intérieur le maintien de l’ordre et la sécurité des familles se double encore de celui d’assurer la sauvegarde de l’ordre continental américain;
Considérant que Monseigneur François Poirier, de nationalité française, est indésirable;
Sur le rapport du Secrétaire d’État de l’intérieur;
ARRÊTE:
Article 1er:
Monseigneur François Poirier. de nationalité française, est expulsé du territoire d’Haiti.
Article 2:
Il sera embarqué par la première occasion en partance pour l’étranger.
Article 3:
Le présent arrêté sera publié et exécuté à la diligence du Secrétaire d’État de l’intérieur.
Donné au Palais national, à Port-au-Prince, le 24 novembre 1960, an 157ème de l’indépendance.
Par le Président:
.- Docteur François Duvalier
Le Secrétaire d’État de l’intérieur et de la Défense nationale:
.- Docteur Aurèle Joseph".
Expulsé, Mgr. François Poirier ne reviendra plus jamais en Haïti. Il sera remplacé provisoirement par Mgr Rémy Augustin, le premier religieux haïtien à être consacré évêque, en 1953. Il prendra le titre "Administrateur Apostolique de l’Archidiocèse de Port-au-Prince". Le père Rémy Augustin devient le premier Haïtien à prendre la tête de l’église catholique d’Haïti.
Le Vatican dénonce publiquement le traitement injuste et humiliant réservé à l’archevêque et la violation des droits sacro-saints de l’Église. Le pape Jean XXIII annonce dans une note l’excommunication de tous les officiels du gouvernement impliqués dans cette expulsion incluant le président François Duvalier lui-même.
Pour études complémentaires, PROFILE AYITI vous propose "Mémoires d’un leader du Tiers Monde: mes négociations avec le Saint-Siège; ou, une tranche d’histoire, 1969, écrit par François Duvalier lui-même; Le Moniteur 115è année, No. 112; Jeudi 24 Novembre 1960".
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M. Charles Philippe BERNOVILLE
Président et directeur des recherches.
Comment François Duvalier a expulsé le Chef de l'Église catholique d'Haïti.
novembre 13, 2019
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C'était un président, un leader.
RépondreSupprimerAh oui!
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