En avril 2004, Jean-Durosier Desrivières réalise une entrevue avec le français Christophe Wagny, ancien conseiller de l'ex président Jean Bertrand Aristide, auteur du livre "Haïti n'existe pas". Trois moments de l'entrevue retiennent l'attention de PROFILE AYITI:
I) Le titre de votre dernier ouvrage, Haïti n’existe pas, c’est carrément de la provocation?
L’ouvrage a un sous-titre qui est 1804-2004: deux cents ans de solitude. J’avais pensé que c’était provocateur au début, mais finalement, en y réfléchissant bien, je ne me trouve pas si provocateur que ça. Je pense que la France a empêché ce pays d’exister quand il est devenu indépendant, puisque c’était un accroc insupportable à l’épopée napoléonienne. Pour les occidentaux, c’était insupportable: une République nègre qui bat l’armée la plus puissante du monde. Et puis tout au long du XIXe et du XXe siècle, par différents moyens, on a absolument empêché ce pays d’exister.
II) Dans ce livre, vous parlez de ceux qui ont construit leur réputation sur le dos d’Haïti. Comment construire sur une entité inexistante?
Il y a eu deux phénomènes peut-être complémentaires: d’un côté, effectivement, empêcher ce pays d’exister, occulter son histoire; et quand par malheur, pour nos gouvernants, cette histoire arrivait à émerger, on a toujours donné d’Haïti la pire réputation qui soit. Souvent il n’y avait pas de réputation à donner, dans la mesure où on avait fait l’impasse comme on fait dans les manuels scolaires. Par exemple, comme le font la majorité des fictions qui existent chez nous. Donc le pays n’existe pas. Quand par hasard il existe, on ne retient jamais d’Haïti – disons pour la majorité des Européens – sa culture par exemple. Qu’il s’agisse de sa peinture, sa littérature, cela, on le retient très peu. Par contre, on retient la violence qui sévit dans le pays.
III) Vous avez sans doute lu le rapport de Régis Debray. Qu’en pensez-vous?
C’est vrai que je l’ai vu petit à petit se faire. Comme d’autres, j’ai été écouté, enfin, auditionné, comme on dit, par la commission. Il y a des gens que je connais bien à l’intérieur de la commission. Je m’attendais à plus de ce rapport. J’ai trouvé que l’idée était bonne. Puisque la France, ça lui permettait de sortir de cette occultation. L’idée était bonne, mais les propositions qui sont celles du rapport sont très décevantes. Disons, on n’y trouve pas une spécificité de la dette que la France a à l’égard d’Haïti. La France doit coopérer avec les anciennes colonies avec qui elle a une dette morale. Mais pour Haïti, il y a une dette en espèces sonnantes et trébuchantes. Et ce problème est tout à fait évacué du rapport. Ce qui l’affaiblit beaucoup... PROFILE AYITI vous propose "Haïti n'existe pas: 1804-2004, deux cents ans de solitude. Christophe Wagny", disponible sur Amazon.
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Charles Philippe BERNOVILLE
Président et directeur des recherches.