En Haïti, il se passe quelque d'inacceptable, d'inadmissible ou d'impensable ces temps-ci et si rien n'est pas, si nous ne prenons pas conscience de l'état fragile dans lequel nous sommes aujourd'hui comme adultes, nous connaîtrons des jours sombres dans les temps qui viennent.
En vrai, nous pouvons faire de ce pays ce que nous voulons aujourd'hui. Ce serait notre droit le plus entier comme peuple souverain! Nous pouvons aller jusqu'à le fermer pour ne plus retourner au concert des nations, mais avons-nous pensé à nos ancêtres et à leurs sacrifices?
Nous pouvons décider de continuer dans la pauvreté, de fermer nos écoles, de tuer nos enfants ou de ne pas les éduquer; nous pouvons, si nous le voulons, rejeter la démocratie et fermer les portes de nos institutions, mettre les idiots au pouvoir à tous les niveaux et créer des gangs armés dans toutes les grandes villes, mais pouvons-nous nous rappeler un moment qu'il y a 215 ans des hommes et des femmes ont sacrifié leur vie, leur sang, leur famille pour nous léguer cette terre?
Pouvons-nous nous rappeler que les héros de Vertières, nos ancêtres, ont créé l'État d'Hayti pour apporter le message de la liberté et l'espoir aux opprimés du monde, et que nous n'aurions pas le droit de manquer à cet acte?
Nous pouvons nous entretuer comme bon nous semble aujourd'hui; capois de mon état, j'estime que nous pouvons tout brûler, à commencer par nos propres maisons comme Henry Christophe l'avait fait pour défier le général français, Charles Leclerc, mais souvenons-nous que nos enfants ont besoin d'un endroit pour grandir dans la dignité et s'épanouir! Souvenons-nous des générations de demain?
Nous pouvons tout écraser, tout défaire, nous pouvons tout détruire jusqu'au dernier bloc. Mais, pouvons-nous nous rappeler, ne serait-ce qu'un instant, qu'il y a 215 ans des hommes et des femmes ont combattu tout un système, tout un ordre mondial axé sur le colonialisme et l'esclavagisme pour construire un État moderne sur le droit et la liberté?
Nous pouvons, pour satisfaire nos instincts les plus bas, changer la couleur de notre drapeau; nous pouvons le vouloir bleu et rouge ou tout bleu ou tout rouge aujourd'hui, de la même manière que nous l'avions voulu noir et rouge avant, mais pouvons-nous nous souvenir des sacrifices de ceux-là qui l'ont créé au prix du sang pour nous rendre libres? À jamais libres?
Pouvons-nous nous rappeler 18 Novembre 1803?
À jamais libres!
M. Charles Philippe BERNOVILLE
Président de PROFILE AYITI