Nous n'avons pas compris suffisamment l'importance de l'arrière-pays. Nous n'avons pas rendu les services publics disponibles dans les sections communales, dans les villages ou dans les bourgs. Nous avons attendu trop longtemps pour apporter l'électricité, l'eau, la justice, les services fiscaux, les services de l'État civil, la santé, la sécurité, l'éducation non encore disponibles aujourd'hui dans les zones les plus reculées du pays.
Nous avons idiotement laissé les paysans sans infrastructures physiques, sans infrastructures institutionnelles depuis 1803. Nous avons désorganisé ou déstabilisé l'agriculture locale et l'artisanat haïtien détruisant ainsi la production nationale au profit du capitalisme mondial.
Voilà pourquoi ceux du "pays en dehors", nos vaillants paysans ont commencé à venir s'installer dans les grandes villes dont Port-au-Prince, Cap-Haïtien, Gonaïves, pour des services de base. Lorsqu'ils y sont arrivés, certains y sont restés malgré eux pour réorganiser leur vie se contentant du strict minimum, d'autres en sont retournés avec le sentiment qu'ils sont "les oubliés de la République".
Entre temps, comme nous n'avons rien fait pour remédier à la situation; les grandes villes sont devenues de vastes bidonvilles ingérables avec des infrastructures non adaptées à la réalité socio démographique. Des ONGs et des gouvernements font des dépenses démagogiques, des leaders locaux paresseux et des citoyens passifs laissent passer la caravane sans réagir, sans dire Non. Entre temps, le pays, notre pays, se dégrade à petit feu.
Nous devons comprendre aujourd'hui que nos problèmes viennent de là. Nous avons donc besoin de mettre un terme à ce modèle de l'État corrompu, inégalitaire et désuet pour aller de l'avant ensemble, c'est-à-dire dans le sens de l'intérêt national. C'est cela ou c'est rien !
M. Charles Philippe BERNOVILLE.
Président de PROFILE AYITI
Mars 2016.