Il fut un temps en Haïti un professeur était un second parent pour ses élèves. Il détenait sur ses élèves une autorité quasiment sacrée. S’il arrivait un conflit entre l’élève et le professeur, ce dernier avait le devoir d’appliquer la sagesse pour éviter tout débordement.
S’ils font un débat, le professeur a également le devoir de dire vrai à l’élève, il doit lui parler avec raison. Cependant, cela ne se passe pas ainsi de nos jours.
J’ai été témoin d’un débat entre un élève et son professeur. Ce dernier venait de perdre sa fille sur le lit d’hôpital faute d’argent. Il devait payer 75 000 gourdes pour sa fille qui devait subir une opération chirurgicale. A toutes les portes qu’il avait frappé dont celles des écoles où il enseignait, rien n’avait marché. Le délai s’étant écoulé, sa fille est morte. Faute d’argent un professeur a perdu sa fille.
En effet, il devait traiter deux mois plus tard d’une question importante avec l’un de ses plus brillants élèves devenu son ami personnel, mon cousin : « La société vaut ce que vaut l’école ». Au départ, j’ai eu un intérêt particulier quant à la définition du concept « société » que l’on a mise sur la table de discussion.
L’élève disait que selon ses notes de Sciences sociales "la société serait un ensemble d’individus vivant sur un même espace, partageant ainsi une même histoire, ayant des intérêts et objectifs communs". Laquelle définition que j’ai trouvée assez classique et recommandable. Il disait aussi que l’école serait une institution qui instruit, éduque et prépare le citoyen de demain qui devra se mettre au service de la société.
Sauf que, nous disons souvent des choses que nous ne comprenons pas toujours.
En fait, le professeur ne se retrouvait pas dans les définitions qui venaient d’être fournies. Il expliquait alors à l’élève que les concepts changent à tout moment, qu’ils n’ont pas le même sens pour tout le monde tout le temps. Il disait aussi que la société est un faux ensemble où chaque élément tient pour lui-même, et que l’école ne prépare pas le citoyen de demain pour se mettre au service d’une quelconque société, mais qu’elle servirait à maintenir un système en place.
Et si on te demande, a-t-il conclu, tu diras que c’est ton professeur qui te l’a dit.
Rare est celui qui dit ce qu’il croit en son cœur. C’est dommage que celui qui est détenteur d’une certaine autorité ne s'en serve pas toujours pour l'accomplissement des autres.
Souvent, les hommes et les femmes enseignants font face à des problèmes divers qui leur font oublier le sens de leur travail. Il faudra un jour donner plus d'encadrement aux professeurs pour sauver les élèves.
Charles Philippe BERNOVILLE.
Président de PROFILE AYITI.