S'il fallait reconnaître le citoyen à ce qu’il avait part au culte de la cité comme on le faisait par le passé, et si c’était de cette participation que lui venaient tous ses droits civils et politiques, Okyjems serait reconnu comme un citoyen exemplaire en ces temps difficiles.
Il a été prouvé qu'on pouvait reconnaître un homme par ses actes ou par ses actions bien plus que par ses paroles. Sur cette base, nous devons considérer Okyjems comme un citoyen qui fait la preuve de sa citoyenneté dans un contexte particulièrement difficile où les structures de l'État ne peuvent plus compter sur les citoyens, et inversement.
D'abord, il est nécessaire de comprendre que même si Okyjems arriverait à collecter un million de gourdes sur un mois, ce qui lui paraît facile, cette somme ne résoudra pas toute seule le problème de l'insalubrité dans la ville. Parce que c'est une question bien plus complexe qui exigera donc beaucoup plus d'efforts venant des citoyens eux-mêmes.
Ensuite, on sait que la Mairie du Cap-Haïtien dépense plusieurs millions de gourdes tous les mois pour le ramassage des déchets solides dans la ville, mais les autorités locales ne sont pas parvenues à garder la ville propre. C'est la preuve par quatre que le problème est effectivement bien plus complexe.
En fait, les personnes qui polluent la ville ne paient pas pour cette pollution qu'elles génèrent. La plupart de ces personnes font du commerce dans les marchés publics du Cap-Haïtien, mais elles résident dans d'autres communes. D'autres sont propriétaires de dépots, de magasins et de restaurants ne payant aucune taxe communale.
En revanche, pour comprendre ce que fait Okyjems, il faut le prendre sous l'angle "citoyen utile". En 1997, Pierre Bourdieu posa la question suivante: “Qu'est-ce qu'un citoyen qui doit faire la preuve, à chaque instant, de sa citoyenneté"? Je pense qu'Okyjems est en train de prouver sa citoyenneté à sa façon et nous ferions mieux de le considérer comme une fierté plutôt que de remonter à des propros qu'il aurait prononcés émotionnellement à un moment difficile de sa carrière d'artiste. À ceux qui font ça, vous ne valez pas mieux!
Pour faire court, j'ignore comment cette histoire va finir, mais je souhaite qu'elle se termine bien. Cependant, s'il fallait reconnaître le citoyen à ce qu’il avait part au culte de la cité comme on le faisait par le passé, et si c’était de cette participation que lui venaient tous ses droits civils et politiques, Okyjems serait reconnu comme un citoyen exemplaire en ces temps difficiles.
M. Charles Philippe BERNOVILLE
Habitant du Cap-Haïtien.