N'avez-vous jamais entendu parler d'une réunion qui s'est tenue au Quartier Général de Fort-Dauphin, le 29 novembre 1803, où des généraux haytiens dont Jean-Jacques Dessalines, Henry Christophe et Augustin Clerveaux, ont fait le bilan du 18 novembre, c'est-à-dire le bilan de la Bataille de Vertières, et proclamé la liberté de Saint-Domingue?
En effet, le 18 novembre 1803, sous l'odre des généraux, l'armée indigène s'empare de Vertières, au Cap, pour combattre les soldats de l'armée française commandée par le général Rochambeau. La demi-brigade commandée par le général François Cappoix est partiellement décimée, et un nouvel assaut est relancé; ses hommes sont neutralisés par les français au pied de la colline, mais il appelle aux renforts. Pendant trois fois, le général noir lance ses forces à l'assaut de Vertières, mais en vain.
L'histoire rapporte que lors du quatrième assaut, le général François Cappoix, surnommé Cappoix Lamort, demande à ses soldats de le suivre en criant "En avant! En avant!". Son cheval est touché par un boulet de canon, il est tombé, mais se relève et crie à nouveau "En avant! En avant!". Son bonnet garni de plumes est emporté par un boulet.
Il est également rapporté que Stupéfait, le général français, Rochambeau, fait cesser la bataille et charge son messager personnel d'exprimer ses compliments au général noir, Cappoix Lamort. Et, suite aux renforts envoyés par Dessalines sous les ordres de Gabart, de Clervaux et de Jean-Philippe Daut, deux tiers des soldats français sont morts ou blessés.
La date du 18 novembre 1803 est donc celle de l'acte final de la guerre de l'indépendance d'Haïti. Cette bataille qui a duré 11 heures, a commencé à six heures du matin pour se terminer à cinq heures du soir sous un orage providentiel. Le 19 novembre, un officier français se rend au quartier général de l'armée indigène sur un cheval. Son message est incroyable: "Le capitaine-général Rochambeau offre ce cheval comme une marque d'admiration pour l'Achille noir (Cappoix Lamort) pour remplacer celui que l'armée française regrette d'avoir tué".
À la suite d'une entente avec le général en chef de l'armée indigène, Jean-Jacques Dessalines, un accord est signé entre les deux armées haïtienne et française. Le général français, Rochambeau, obtient 10 jours pour évacuer le fort de Vertières, embarquer les restes de son armée et quitter Saint-Domingue par le port du Cap. C'est-à-dire au 28 novembre 1803, les généraux de l'armée indigène ne doivent voir aucun soldat français sur la terre de Saint-Domingue. C'est ce qui aura été fait.
Les troupes françaises évacuent le fort de Vertières, et Cappoix devient le Héros de la plus grande bataille menée, puis gagnée par des esclaves noirs contre la plus grande armée esclavagiste de l'époque. Le 29 novembre, les généraux Jean-Jacques Dessalines, Henry Christophe et Augustin Clerveaux se réunissent à Fort-Dauphin pour proclamer la Liberté de Saint-Domingue qui deviendra indépendant sous le nom D'HAYTI.
Il est essentiel de rappeler que, lors de la proclamation du 29 novembre, Fort-Dauphin est devenu FORT-LIBERTÉ mais ne sera pas déclarée "Cité de l'Indépendance". Cependant, c'est aujourd'hui la ville la plus propre d'Haïti. Nous avons donc l'honneur de soumettre à votre esprit le texte intégral de la proclamation de notre indépendance à Fort-Liberté:
"Au nom du peuple noir et de couleur de SAINT-DOMINGUE
L’Indépendance de Saint-Domingue est proclamée.
Rendus à notre dignité, nous avons recouvré nos droits, et nous jurons de ne jamais nous laisser ravir par une puissance de la terre. Le voile affreux du préjugé est maintenant déchiré! Malheur à ceux qui oseraient réunir ces lambeaux sanglants!
Propriétaires de Saint-Domingue, qui errez dans des contrées étrangères, en proclamant notre indépendance, nous ne défendons pas de rentrer dans vos biens; loin de nous cette pensée injuste! Nous savons qu’il est parmi vous des hommes qui ont abjuré leurs anciennes erreurs, renoncé à leurs folles prétentions, et reconnu la justice de la cause pour laquelle nous versons notre sang depuis douze années. Nous traiterons en frères ceux qui nous aiment: ils peuvent compter sur notre estime et notre amitié et revenir habiter parmi nous. Le Dieu qui nous protège, le Dieu des hommes qui nous ordonne de leur tendre nos bras victorieux.
Mais pour ceux qui, enivrés d’un fol orgueil, esclaves intéressés d’une prétention criminelle, sont assez aveugles pour se croire des êtres privilégiés et pour dire que le ciel est destiné à nos maitres et nos tyrans, qu’ils n’approchent jamais du rivage de Saint Domingue! Ils n’y trouveraient que des chaines ou la déportation. Qu’ils demeurent où ils sont! Qu’ils souffrent les maux qu’ils ont si bien mérités! que les gens de bien, de la crédulité desquels ils ont trop longtemps abusé, les accablent du poids de leur indignation.
Nous avons juré de punir quiconque oserait nous parler d’esclavage. Nous serons inexorables, peut-être cruels envers tous les militaires qui viendraient nous apporter la mort et la servitude. Rien ne coûte, et tout est permis à des hommes à qui l’ont veut ravir le premier de tous les biens.
Qu’ils faisaient couler des flots de sang, qu’ils incendient pour défendre leur liberté les sept huitième du globe, ils sont innocents devant Dieu, qui n’a pas créé les hommes pour les voir gémir sous un joug honteux.
Si, dans les divers soulèvements qui ont eu lieu, des blancs dont nous n’avions pas à nous plaindre, ont péri victimes de la cruauté de quelques soldats ou cultivateurs trop aveuglés par le souvenir de leurs maux passés, pour distinguer les propriétaires humains de ceux qui ne l’étaient pas, nous déplorons sincèrement leur malheureux sort, et déclarons à la face de l’univers que ces meurtres ont été commis malgré nous. Il était impossible dans une crise semblable à celle où se trouvait alors la colonie de prévenir ou d’arrêter ces désordres.
Ceux qui ont la moindre connaissance de l’histoire, savent qu’un peuple, fut-il le plus policé de la terre, se porte à tous les excès lorsqu’il est agité par les discordes civiles, et que les chefs n’étant pas puissamment secondés, ne peuvent punir tous les coupables, sans rencontrer sans cesse de nouveaux obstacles. Mais, aujourd’hui que l’aurore de la paix nous présage un temps moins orageux, et que le calme de la victoire au désordre d’une guerre affreuse, Saint-Domingue doit prendre un nouvel aspect, et son gouvernement doit être désormais celui de la justice.
Donné au quartier-général du Fort-Dauphin, le 29 novembre 1803.
SIGNÉ: J.J. DESSALINES, H. CHRISTOPHE, A. CLERVEAUX.
B. AIMÉ, Secrétaire"
En fait, il faut remarquer que les héros de Vertières n'avaient pas attendu jusqu'au Premier Janvier Mille Huit Cent Quatre pour proclamer la liberté de Saint-Domingue. En nous basant sur des recherches et des témoignages, nous pensons très honnêtement que la véritable cité de l'indépendance d'Haïti est Fort-Liberté et non pas Gonaïves où l'on a seulement donné lecture à l'acte de l'indépendance nationale le 1er Janvier 1804. Mais, qui a décidé que Gonaïves était la cité de l'indépendance? Et quand?
Pour études complémentaires, PROFILE AYITI vous recommande "La Révolution de Haïti, 1819, Pamphile vicomte de Lacroix; Mémoires pour servir à l'histoire de la révolution de Saint-Domingue, vol. 2, 1819, Pamphile vicomte de Lacroix."