Entre 1821 et 1829, il y a eu en Grèce un conflit armé, une guerre pour l'indépendance durant laquelle, soutenus par la Russie, l'Angleterre et la France, les Grecs parviennent à conquérir leur liberté de l'Empire Ottoman. Le 25 mars 1821, considérés comme un peuple chrétien orthodoxe, les Grecs se soulèvent contre la domination de l'Empire ottoman et proclament leur indépendance le 1er janvier 1822 pendant l'Assemblée nationale d'Épidaure. Mais ils célèbrent leur indépendance le 25 mars de chaque année.
Il faut noter que la Première Assemblée nationale d’Épidaure qui a eu lieu du 20 décembre 1821 au 16 janvier 1822 est la première réunion du parlement grec au cours de laquelle l'indépendance de la Grèce est proclamée. L'histoire rapporte que cette assemblée fut un moment important dans la guerre d'indépendance grecque et elle donna au pays sa première constitution des temps modernes.
Mais, quel rôle qu'a vraiment joué Haïti dans la longue lutte des révolutionnaires grecs qui a conduit à l'indépendance de leur pays? Comment le président Jean-Pierre Boyer a considéré la demande d'aide faite par les grecs auprès du pays de Jean-Jacques Dessalines lorsqu'ils ont été largués par les Européens?
En effet, en aout 1821, des citoyens grecs dont Bogorides et Klonaris écrivent une lettre au président d'Haïti, SEM Jean-Pierre Boyer, dans laquelle ils lui apprennent que la Grèce se révolte contre le despotisme, la tyrannie pour conquérir sa liberté, et que cette révolution, pour être complète, a besoin de l'aide d'Haïti.
L'histoire rapporte que dans une lettre responsive, en date du 15 janvier 1822, le président d'Haïti, SEM Jean-Pierre Boyer, dit qu'il est enthousiasmé du fait que la Grèce a finalement décidé de prendre les armes pour gagner sa liberté et retrouver sa place parmi les nations du monde, avant d'expliquer que l'incorporation de la partie orientale de l'île (République Dominicaine) au territoire haïtien est une charge économique énorme pour Haïti car les Dominicains sont extrêmement pauvres, ils absorbent ou mangent une bonne partie du budget de la République.
Par ces propos, le président Jean-Pierre Boyer justifie son incapacité à envoyer en Grèce des forces militaires, des munitions et de l'argent pour soutenir la révolution sur le champs. En revanche, il promet aux révolutionnaires de les aider honorablement, au mieux de ses capacités, si les choses et les circonstances s'améliorent.
L'histoire retient que plus tard mais dans la même période, Haïti a envoyé à la Grèce 25 000 sacs du précieux café que les Grecs ont vendus pour s'acheter des armes et des munitions dont ils avaient besoin. Nous vous invitons à lire l'intégralité de la lettre du président haïtien, SEM Jean-Boyer, aux révolutionnaires grecs:
"LIBERTÉ - ÉGALITÉ - FRATERNITÉ
Aux citoyens de la Grèce A. Korais, K. Polychoroniades,
A. Bogorides et Ch. Klonaris
À Paris
Avant que je ne reçoive votre lettre de Paris, datée du 20 août dernier, les nouvelles de la révolution de vos concitoyens contre le despotisme qui a duré environ trois siècles étaient déjà arrivées ici. C'est avec beaucoup d'enthousiasme que nous avons appris que Hellas a finalement été obligé de prendre les armes pour gagner sa liberté et la position qu'elle occupait autrefois parmi les nations du monde.
Un cas aussi beau et juste, et surtout les premiers succès qui l'ont accompagné, ne peuvent laisser les Haïtiens indifférents, car nous, comme les Hellènes, avons longtemps été soumis à un esclavage déshonorant et avons finalement, avec nos propres chaînes, brisé la tête de la tyrannie.
Désireux de protéger les descendants de Léonidas, nous avons pensé à aider ces braves guerriers, sinon avec des forces militaires et des munitions, du moins avec de l'argent, qui sera utile pour l'acquisition des armes, dont vous avez besoin. Mais les événements qui se sont produits et qui ont imposé des restrictions financières à notre pays ont absorbé la totalité du budget, y compris la partie qui pouvait être disposée par notre administration. En outre, à l'heure actuelle, la révolution qui triomphe dans la partie orientale de notre île crée un nouvel obstacle à la réalisation de notre objectif; en effet, cette partie, qui a été incorporée à la République que je préside, se trouve dans une pauvreté extrême et justifie donc d'immenses dépenses de notre budget. Si les circonstances, comme nous le souhaitons, s'améliorent à nouveau, nous vous aiderons honorablement, vous les fils de la Grèce, au mieux de nos capacités.
Citoyens! Transmettez à vos compatriotes les vœux chaleureux que le peuple d'Haïti envoie au nom de votre libération. Les descendants des anciens Hellènes attendent avec impatience, dans le réveil de leur histoire, des trophées dignes de Salamis. Puissent-ils se montrer comme leurs ancêtres et être guidés par les commandements des Miltiades, et pouvoir, dans les champs du nouveau Marathon, réaliser le triomphe de la sainte affaire qu'ils ont entreprise au nom de leurs droits, de leur religion et de leur patrie. Que ce soit enfin, par leurs sages décisions, qu'ils soient commémorés par l'histoire comme les héritiers de l'endurance et des vertus de leurs ancêtres.
Le 15 janvier 1822 et l'an 19 de l'indépendance.
Signé: Jean-Pierre Boyer."
Pour études complémentaires, PROFILE AYITI vous recommande "An Index of events in the military history of the greek nation, Athènes, Hellenic Army General Staff, Army History Directorate, 1998; Histoire diplomatique de la Grèce de 1821 à nos jours, tome I, 1925; Grèce depuis la conquête romaine jusqu’à nos jours, Firmin Didot, 1860; A Concise History of Greece, Cambridge, Cambridge University Press, 1992; The Greek revolution of 1821: a European event".